Microbiote vaginal : définition et conseils santé

Publié: 17 octobre, 2024 | 14'

Dans notre organisme, il existe des communautés bactériennes propres que nous appelons microbiotes, nécessaires au bien-être et à la santé de différentes zones du corps comme la peau, l'intestin ou la cavité buccale. Chacune d'elles est formée par une large population de microorganismes vivant dans une zone spécifique de notre corps, comme c'est le cas du vagin, qui possède sa propre microbiote.

Nous vous expliquons ce qu'est la microbiote vaginale et l'importance de la maintenir en bon état avec l'aide du docteur Joan Matas Dalmases, gynécologue intégratif. 

Qu'est-ce que la microbiote vaginale et pourquoi est-elle importante pour votre santé intime ? 

La zone de la vulve est responsable de protéger le tractus génital des infections possibles et, de son ouverture externe jusqu'au col de l'utérus, le vagin se caractérise par une haute humidité et mucosité. Ainsi, « cette zone possède des caractéristiques spécifiques avec une microbiote propre, un ensemble de bactéries jouant un rôle dans le développement de la réponse immunitaire », informe le docteur.

La composition de la microbiote vaginale : Un équilibre délicat de bactéries bénéfiques

La microbiote vaginale normale est principalement composée de lactobacilles avec d'autres organismes présents en moindre nombre (incluant Staphylococcus epidermidis, Corynebacterium spp, Ureaplasma spp, Streptococcus/Enterococcus spp, Gardnerella vaginalis, Candida spp). Au cours des différentes étapes de la vie d'une femme, la composition de sa microbiote vaginale varie. Ainsi, la muqueuse vaginale des femmes en âge de procréer contient plus de dix espèces de Lactobacillus différentes, dont prédominent L. crispatus, L. gasseri, L. jensenii, et L. iners. 

La présence des lactobacilles vaginaux est directement liée aux niveaux hormonaux et leur activité métabolique génère un niveau de pH normal de 3,8 - 4,4. 

Ces niveaux hormonaux et l'âge sont également des facteurs clés dans l'état de la microbiote. « Par exemple, pendant l'enfance, il y a peu de microbiote vaginale, car sa composition et son abondance se développent avec la croissance et sont influencées par la présence hormonale d'œstrogènes et de progestérone », explique Matas. De même, pendant la ménopause la microbiote vaginale subit des changements notables en raison de la réduction des niveaux d'œstrogènes, prédominant les bactéries intestinales et celles provenant de la peau. Ces changements peuvent conduire à une augmentation des infections gynécologiques à cet âge. De plus, la présence de facteurs qui médiatisent l'inflammation dans cette zone, parmi lesquels figurent les cytokines, peut aider à réguler l'inflammation selon leur quantité et l'équilibre du système immunitaire.

Fonctions clés de la microbiote vaginale : Barrière, équilibre et bien-être 

La microbiote de cette zone, également connue sous le nom de flore bactérienne du vagin, est principalement composée de Lactobacillus, comme nous l'avons déjà mentionné. Ceux-ci produisent de l'acide lactique qui provoque un environnement acide en formant une biopellicule sur la surface de la muqueuse vaginale. De plus, les lactobacilles produisent des substances antimicrobiennes (comme les bactériocines) et du peroxyde d'hydrogène (H2O2), qui inhibent l'adhésion des pathogènes.

Ces Lactobacillus qui font partie de la flore habituelle du vagin sont communément appelés les « bonnes bactéries » en raison de leurs effets positifs sur le bien-être de la microbiote, comme l'immunomodulation et la restauration de la microflore caractéristique du vagin et de l'intestin, où elles sont également présentes.

Signaux d'alarme : Comment savoir si votre microbiote vaginale est déséquilibrée ?  

Lorsque la présence de lactobacilles diminue, d'autres microorganismes peuvent croître excessivement dans la zone, faisant monter le pH au-dessus de 4,5, causant ainsi un déséquilibre de la flore qui conduit à l'apparition d'infections urogénitales, appelées vaginoses bactériennes. Le docteur Matas confirme que « les altérations du pH sont très courantes pendant la période fertile de la femme, ainsi que les changements des niveaux d'œstrogènes à un âge plus avancé ». Ces changements provoquent des inconforts dans la zone vaginale et peuvent agir comme des signaux d'alerte qui aident à détecter ce déséquilibre. De plus, ils sont beaucoup plus fréquents en été en raison des baignades en piscine ou en mer et des effets de la transpiration qui augmentent l'humidité dans la zone génitale.

Un autre déséquilibre vaginal très courant est l'infection fongique, dans la majorité des cas provoquée par une levure du genre Candida spp, principalement l'espèce appelée Candida albicans, communément appelée candidose. Normalement, cette espèce est un composant de la microbiote vaginale normale et sa présence est maintenue sous contrôle grâce aux lactobacilles, mais lorsqu'un déséquilibre se produit et que la concentration de lactobacilles diminue en dessous d'un niveau critique, cette situation peut être exploitée par ces champignons, conduisant à une prolifération élevée dans la zone.

Inconforts communs d'une microbiote vaginale déséquilibrée

Selon le docteur Matas, « un déséquilibre de la microbiote à cause de la déficience d'œstrogènes peut causer une atrophie vaginale et d'autres symptômes comme la sécheresse vaginale, les démangeaisons, les douleurs, les changements de flux ou la douleur pendant les rapports sexuels ».

Les altérations du pH provoquent des symptômes similaires comme irritation, sécheresse et changements de flux, mais aussi brûlures, odeur forte, douleur à la miction et même inconforts anaux.

Tests et diagnostics pour évaluer la santé de votre microbiote vaginale

Idéalement, il est conseillé de réaliser des examens gynécologiques réguliers s'il n'y a pas de pathologie antérieure pour vérifier que tout est en ordre avec un examen physique ou, si nécessaire, effectuer d'autres tests tels que des cytologies ou des cultures qui déterminent la présence d'autres lésions, infections vaginales par la présence de champignons ou autres parasites, ou infections sexuellement transmissibles (IST), entre autres conditions.

En cas de toute altération visible ou malaise comme ceux décrits ci-dessus, il est le plus recommandé de consulter un professionnel de santé qui déterminera la cause et le traitement approprié et d'éviter l'automédication.

Quels facteurs sont associés au déséquilibre de la microbiote vaginale ?

Les déséquilibres qui se produisent dans la flore vaginale peuvent être dus à des facteurs internes comme externes. En premier lieu, il y a des facteurs inévitables qui font partie du cycle de vie de la femme et qui affectent cette microbiote comme :

• L'âge, comme nous l'avons mentionné précédemment, car à mesure que nous vieillissons, des variations dans la composition de la flore apparaissent, diminuant le nombre de lactobacilles qui font partie de la flore habituelle.
• La phase du cycle menstruel. Par exemple, le fluide menstruel peut entraîner des variations des valeurs pH de la zone vaginale, apparaissant comme des différences entre les différents moments du cycle menstruel.

D'autres facteurs dépendent du mode de vie, des habitudes quotidiennes ou de situations ponctuelles qui peuvent altérer cette flore, voyons-les.

Habitudes quotidiennes associées au déséquilibre de votre microbiote vaginale

Il existe des habitudes quotidiennes qui altèrent les niveaux des bactéries qui habitent normalement le vagin, ou bien qui peuvent aider à la prolifération de microorganismes causant des inconforts tels que :

• Une activité sexuelle très fréquente ou diverses partenaires.
• Une hygiène intime inadéquate avec des produits agressifs comme des savons avec un pH différent de celui de la flore, des déodorants ou des douches vaginales.
• L'utilisation de tampons, surtout pendant des infections ou d'autres altérations, car cela peut aggraver leur état.
• Les vêtements peuvent également affecter, avec l'utilisation de vêtements très ajustés ou de sous-vêtements faits de matériaux non respirants, alors que le coton est plus approprié.
• Le régime alimentaire influence également, car un excès de sucres ou de glucides favorise la présence de bactéries pathogènes.

Effet des médicaments sur l'équilibre vaginal

L'utilisation de certains médicaments peut également affecter les niveaux des bactéries caractéristiques dans la microbiote, tant intestinale que vaginale. Cela se produit avec les antibiotiques, qui peuvent altérer l'équilibre normal de la microbiote en accomplissant leur fonction. Par conséquent, les antibiotiques peuvent provoquer des variations dans la composition de la microbiote vaginale.

En revanche, « la prise d' anticontraceptifs oraux ou d'autres types de thérapies hormonales affecte l'équilibre de la flore vaginale dans la mesure où elle influence les niveaux d'hormones, car les œstrogènes augmentent », informe le docteur. De plus, les contraceptifs oraux altèrent la microbiote intestinale et toutes les microbiotes sont interconnectées, ce qui peut être négatif pour la microbiote vaginale.

Affections et conditions liées à la microbiote

Certaines étapes de changements hormonaux, comme la puberté ou la grossesse, affectent les niveaux de lactobacilles et d'autres microorganismes de la flore vaginale, provoquant ainsi des changements de flux ou d'autres symptômes comme ceux décrits précédemment.

Également, certaines conditions intrinsèques, comme un diabète non contrôlé, ou un système immunitaire affaibli par certains traitements, le stress, ou d'autres causes qui affectent d'autres processus de l'organisme. 

Les maladies et infections sexuellement transmissibles (MST et IST) peuvent également affecter le vagin et provoquer des symptômes comme des changements de flux ou d'autres variations de la microbiote. Pour éviter cela, le docteur explique que « il est important de maintenir de bonnes habitudes et une hygiène intime, ainsi que des contraceptifs barrières pour éviter ces modifications, qui peuvent devenir chroniques ».

Retrouvez l'équilibre : Comment maintenir la microbiote vaginale

Maintenir un équilibre adéquat de la région vaginale est directement lié à une hygiène correcte accompagnée d'une alimentation saine. Bien qu'il existe de nombreuses conditions susceptibles d'affecter cet équilibre pour divers motifs, certaines directives peuvent être suivies pour favoriser son bon état, telles que :

• Maintenir la zone génitale propre et sèche.
• Utiliser des sous-vêtements en coton et éviter les vêtements très serrés qui peuvent irriter par le frottement continu et gêner la transpiration. 
• Durant le cycle menstruel, changer régulièrement les serviettes, tampons ou coupes menstruelles selon les recommandations de chaque produit d'hygiène intime. Les protège-slips doivent également être changés selon les recommandations et besoins individuels.
• Consulte régulièrement le gynécologue, surtout si tu présentes des affections dans la zone vaginale ou ressens toute forme d'inconfort ou de symptôme inhabituel. 

Conseils diététiques pour nourrir ta microbiote vaginale

Outre les conseils d'hygiène susmentionnés, suivre une alimentation appropriée favorisera également le bon état de la microbiote vaginale.

1. Hydrate-toi correctement (de six à huit verres d'eau par jour), car cela aidera à uriner régulièrement et favoriser l'expulsion de possibles bactéries du tractus urinaire.
2. Modère l'apport en glucides, ceux-ci pouvant favoriser la croissance des bactéries dans le tractus intestinal et urinaire. Opte plutôt pour des céréales complètes et fibres pour éviter les farines raffinées.
3. Évite les graisses saturées et les sucres raffinés.
4. Consomme des nutriments comme la vitamine C ou les vitamines du groupe B et d'autres minéraux comme le zinc, qui aident aux étapes de la réponse immunologique.
5. Aliments riches en probiotiques et prébiotiques.

Probiotiques et prébiotiques : Les alliés de ta flore vaginale

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants présents dans certains aliments et bénéfiques pour notre microbiote, principalement intestinal et vaginal. Les lactobacilles sont un exemple de probiotiques, car en plus d'être présents dans notre flore vaginale, ils se trouvent également dans certains aliments dérivés des produits laitiers tels que le yaourt et le kéfir, le chocolat noir, et des dérivés végétaux comme la choucroute et les cornichons.

Dans des quantités adéquates et régulièrement, la consommation de lactobacilles a des effets bénéfiques pour le maintien de la microbiote vaginale, ainsi que pour sa récupération après un déséquilibre et pour éviter la récurrence.

D'autre part, les prébiotiques sont un type spécifique de fibre alimentaire qui stimule la croissance des probiotiques dans notre organisme, car ils constituent une nourriture pour eux. C'est pourquoi il est recommandé de consommer une bonne quantité de fibres végétales dans notre alimentation quotidienne.

“Ainsi, une alimentation riche en aliments probiotiques et prébiotiques sera bénéfique pour notre microbiote vaginal et intestinal”, assure le docteur.

Dr. Joan Matas Dalmases : Expert en gynécologie intégrative

En tant que gynécologue, le docteur Joan Matas rappelle l'importance de suivre des habitudes correctes comme celles détaillées précédemment. Mais en tant qu'expert intégratif, il souligne également l'importance de “prêter attention à notre santé générale, car un désajustement ou problème vulvaire peut découler d'une autre condition”.

La vision de l'expert sur l'importance de la microbiote vaginale

La microbiote vaginale est unique et propre à chaque femme, avec des caractéristiques différentes du reste du corps. Elle est vulnérable car exposée directement à l'extérieur via la vulve. Son importance réside dans “la capacité de maintenir la santé vaginale et un système de barrière propre, car elle peut réguler et moduler la présence de bactéries et autres micro-organismes afin de préserver son intégrité et aider à contrôler l'adhésion de bactéries pathogènes”, raison pour laquelle le docteur insiste sur l'importance de suivre des soins et directives spécifiques pour préserver son bon état.

Recommandations du Dr. Matas pour maintenir une microbiote vaginale en bonne santé

Comme nous l'avons déjà mentionné, “l'environnement de la zone génitale se caractérise par une humidité élevée, une mucosité et un pH propre, qui peuvent être altérés par divers facteurs. Par conséquent, il est préférable de commencer par une routine d'hygiène intime correcte de la manière suivante” :

1. Laver la zone externe vulvaire une fois par jour avec un savon hypoallergénique doux. 
2. Évite d'utiliser du gel de douche commun, des bains moussants, exfoliants, lingettes ou tout autre produit avec parfums.
3. N'utilise pas d'éponges ou serviettes, laves la zone avec la main.
4. Sécher après la douche en douceur et complètement avec une serviette. Change les sous-vêtements ou lave-toi doucement après une transpiration excessive et après les bains de mer ou en piscine, en changeant le maillot de bain mouillé par un sec.
5. Évite les douches vaginales, car elles altèrent directement les bactéries présentes dans le vagin pour la protéger.
6. Fais attention à la propreté avant et après les relations sexuelles, et utilise une protection durant celles-ci. Il est également recommandé d'uriner après pour faciliter l'élimination de potentielles bactéries.

Il existe bien d'autres facteurs pouvant faire varier la composition de la microbiote. C'est pourquoi “il est vital de mener un style de vie sain et actif avec une alimentation équilibrée, la pratique d'exercice régulier, un repos adéquat et d'éviter le stress, ce qui complète ces directives d'hygiène pour maintenir une microbiote saine”.

Approche intégrative des déséquilibres de la microbiote vaginale

“La médecine intégrative repose sur l'idée de comprendre le corps humain comme un tout interrelié”, explique l'expert. “Ainsi, en gynécologie intégrative, nous cherchons l'origine d'un désajustement de notre microbiote, ou une autre condition qui pourrait surgir, car elle ne provient pas toujours de la zone vulvaire”. 

Un désajustement de notre microbiote peut être dû à d'autres facteurs comme un système immunitaire affaibli en raison du stress ou de la prise de certains composés, par exemple. Il peut également provenir d'un désajustement digestif, soit chronique, dû à des processus viraux ou bactériens. C’est pourquoi “il est important d’aborder le problème de chaque patient avec une perspective intégrée en tenant compte de tout conditionnement interne ou externe”.

La base de la médecine intégrative est aussi la pratique de combiner les traitements médicaux conventionnels avec des thérapies alternatives naturelles ou complémentaires afin de fournir les meilleurs soins possibles.

Questions fréquentes sur la microbiote vaginale

En cas d'inconfort dans la zone vaginale, il est recommandé de consulter un spécialiste pour déterminer la cause des désagréments dès que possible et éviter qu'un problème plus grave ne survienne.

Combien de temps faut-il pour que la microbiote vaginale se rétablisse ?

L'état normal de la microbiote vaginale se rétablit généralement en quelques jours après un déséquilibre causé par des facteurs courants tels qu'une infection à levures ou une vaginose bactérienne, en suivant des directives d'hygiène et d'alimentation appropriées, ainsi que le traitement indiqué par le gynécologue.

Que puis-je faire pour maintenir ma microbiote vaginale équilibrée à long terme ?

La meilleure manière de maintenir la microbiote équilibrée est de suivre une hygiène intime correcte et un style de vie sain comme détaillé dans les instructions ci-dessus. Cela devrait s'accompagner d'examens réguliers chez un spécialiste et d'une réaction rapide à tout inconfort ou altération.

Est-il normal d'avoir des pertes vaginales ? Quand devrais-je m'inquiéter ?

Il est courant que toutes les femmes remarquent des changements dans leurs pertes vaginales, en particulier à cause du cycle menstruel et des différents niveaux hormonaux. Par exemple, les pertes sont généralement plus abondantes pendant les jours d'ovulation et plus rares après les règles.

Les changements les plus significatifs pouvant indiquer un déséquilibre dans la microbiote sont :

• Changement de consistance vers un aspect plus grumeleux ou pâteux.
• Couleur jaunâtre, blanchâtre, grisâtre ou verdâtre.
• Une forte odeur ou une mauvaise odeur.
• Augmentation de la quantité habituelle.

Si tu présentes l'un de ces changements, il est habituel de consulter un spécialiste pour déterminer la cause et le traitement adéquat.

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